La guerre, exil en Sibérie

La guerre, Exil en Sibérie

"La guerre est inévitable; écrivait le P.Léonide au Métropolite André, en terminant le récit de son voyage en Russie. Il ne se trompait pas. Quelques jours lus tard, c'est-à-dire le 29 juin 1914, les journaux du monde entier annonçaient en grandes lettres l'assassinat de l'archiduc François Ferdinand, héritier d'Autriche-Hongrie. Pendant le mois qui suit,  la tension entre la Serbie, l'Allemagne et la Russie monte de jour en jour.

Le 28 juillet l'Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie.

Le 1er août l'ambassadeur d'Allemagne à Pétersbourg, remet le déclaration de  guerre de son pays au ministre des Affaires étrangères du Tsar. Le ministre est précisément M. Sazonof, l'ancien diplomate que le séminariste Féodorof avait rencontré à Rome. Six jours plus tard, l'Autriche Hongrie suivait l'Allemagne, son alliée. A l'exception de quelques nations privilégiées, toutes les pays du monde allaient se trouvés dans une âpre lutte qui durerait quatre ans et changerait la face du Vieux Monde. En se déclarant la guerre, les empires d'Allemagne, d'Autriche-Hongrie et de Russie avaient signé leur propre arrêt de mort.  

La guerre suprit Léonide Féodorof à Constantinople. Sans doute y préparait-il son voyage au Mont Athos. Il n'y avait pas une minute à perdre. Sujet russe séjournant en Turquie, alors alliée de l'Allemagne et de l'Autriche il risquait d'être arrêté comme espion, et le sort le plus doux qu'il pouvait attendre l'internement pour la durée de la guerre.   Il prit aussitôt le  bateau pour Odessa. En fait, ce bateau fut le dernier. Pendant près de quatre ans, plus aucun navire civil ne partirait du Bosphore pour la Russie. Deux à trois jours plus tard, le P.Léonide se retrouvait à Saint-Pétersbourg. 

Le tsar avait changé le nom allemand de Saint-Pétersbourg pour Petrograd. Une première surprise désagréable l'attendait: Lioubov Dimitrievna, sa vieille mère Il retrouva sa mère alitée, frappée d'une paralysie dont on ne pouvait guère espérer la guérison. Une seconde suivit bientôt : 15 jours après son arrivée, la police vint lui signifier qu'il devait quitter la capitale et se rendre à Tobolsk, en Sibérie pour y vivre  en déportation. La durée de son exil n'était pas précisé.

Au temps des tsars, les condamnés à la déportation en Sibérie faisaient en général le long voyage librement, c'est-à-dire sans garde, mais à leurs frais. Seuls les déportés absolument dépourvus de ressource, voyageaient en convois par étape, dans des conditions pénibles. Il semble bien que le P.Léonide ait pu voyager seul.  

 Dès son arrivée à  Tobolsk, il alla se faire enregistrer au bureau de la police locale et dans la suite se présenta régulièrement au moins une fois par mois. 

 

Tobolsk comptait alors un peu plus de 30.000 âmes. Chef-lieu administratif d'une vaste province, situé dans un cadre très pittoresque à environ 300 km de la frontière de l'Europe, la ville présente un lieu d'exil assez doux.  L'Irtych, le large fleuve qui la baigne, fait sa richesse. La majorité des habitants vit en effet de la pêche. Les autres sont des commerçants, des artisans, des fonctionnaires et surtout des soldats. Léonide y trouve une cathédrale et une vingtaine d'autres églises orthodoxes, un séminaire,  un monastère d'hommes, une église catholique polonaise et enfin un temple luthérien. Il loua une chambre en ville et, pour gagner son pain quotidiens, il obtint un poste de scribe dans l'administration locale. Aux heures libres, il va retrouver les pêcheurs de l'Irtych. Ces hommes simples lui rappellent les moines de Kamenitza; il se lie d'amitié avec eux et quand il le peut, il va leur prêter main forte.  

Il rencontre aussi les professeurs du Séminaire orthodoxe et connaît bientôt à fond leur bibliothèque. Dans ce coin lointain de Sibérie, il découvre d'anciens ouvrages de théologie écrite  en latin à l'époque où les théologiens orthodoxes de Kiev, sous l'impulsion de leur métropolite Pierre Mohila, s'inspiraient des méthodes catholiques pour résister à la propagande religieuse des polonais.

 

 Tobolsk comptait aussi de trois à quatre cents  catholiques d'origine polonaise, et farouchement hostiles à ce qui sentait la Russie. Le P.Léonide ne put même pas célébrer ses offices dans leur église, il auraient crié à la russification. Il fut donc contraint de célébrer la Divine Liturgie dans son appartement privé.

De Petrograd, lui arrivaient régulièrement des colis et aussi des nouvelles sur la guerre et l'activité des catholiques russes. A peine arrivé en Sibérie, il apprenait l'avance rapide des troupes russes en Galicie, la prise de Lvov et l'incorporation de cette province à l'Empire russe.

 Dès l'occupation de Lvov le métropolite Cheptizky avait été consigné dans son palais archiépiscopal. Trois jours plus tard, c'est-à-dire le 18 septembre 1914,  il fut envoyé à Kiev, de là à Koursk où il resta un an. Enfin, la police le fit monter dans un mauvais wagon de 3e classe pour le conduire à Vladimir puis à Souzdal, dans le monastère prison pour prêtres de mauvaise vie. Le P.Zertchaninof y avait séjourné quinze ans plus tôt pour s'être fait catholique.

L'opinion russe s'émut de la brutalité avec laquelle le Gouvernement traitait un archevêque métropolitain. A la Douma, le député Kerensky, et, dans la presse l'écrivain Korolenko prirent la défense du Métropolite. Ils reprochèrent au gouvernement d'avoir fait en Galicie une politique partisane anticatholique qui avait soulevé l'hostilité de la population et avait ainsi desservi les vrais intérêts de la Russie. Ces interventions obtinrent d'heureux résultats. Au début de septembre 1916 le métropolite fut transféré à Iaroslavl, la ville d'où provenait sa famille.

A Petrograd la communauté russe catholique vivait en paix mais divisée. Le P.Zertchaninof célébrait ses offices dans une chapelle latérale de l'église polonaise de Sainte-Catherine Le père Deibner priait régulièrement avec un petit groupe dans la chapelle de la rue Barmalaieva en y pénétrant toujours par la porte latérale qui avait échappé aux scellés, un troisième prêtre catholique russe préparé au sacerdoce en Belgique et ordonné en Bulgarie, le P. Gleb Verkhovsky, célébrait à l'église latine des Chevaliers de Malte. Les nouvelles de la guerre retenaient toute l'attention.

Cependant, au début de l'hiver 1914, une lettre arrivée de Tobolsk causa une certaine émotion dans la communauté catholique de la capitale.  Le père Léonide avouait qu'il était immobilisé au lit pour un temps qui pouvait être assez long. Habitué depuis douze ans au climat tempéré de l'Europe méridionale, le jeune prêtre avait mal supporté l'hiver très rigoureux de la Sibérie; il s'était imprudemment baigné dans l'eau glacée de l'Irtych et souffrait à présent d'une crise violente de rhumatisme articulaire.

Mme Féodorov, était elle-même usée par l'âge et souffrante: il ne pouvait être question pour elle de se rendre au chevet de son fils. Une volontaire se présenta pour prendre sa place; c'était une dame catholique assez âgée, veuve et mère de deux enfants. Mme Kapitolina Ivanovna Podlivakhina. La communauté catholique se cotisa pour couvrir ses frais de voyage. Ses bons soins permirent au P.Léonide de recouvrer l'usage de ses membres plus tôt que le médecin ne l'avait prévu.

Ainsi passèrent les années 1915 et 1916. Tout observateur avisé pouvait se rendre compte qu'en Russie, dans l'armée comme dans le peuple, la lassitude croissait rapidement. La guerre avait désorganisé l'économie nationale; les produits indispensables disparaissaient du marché ou ne se vendaient qu'à des prix inabordables pour la masse.  La Douma s'insurgeait âprement, mais en vain contre la politique du gouvernement. A la Cour impériale  la présence du paysan sibérien  Raspoutine, son influence sur l'impératrice exaspéraient les intellectuels et beaucoup de membres de la noblesse.

"La révolution monte lentement" écrivait dès 1914 le P.Léonide, lors de son dernier voyage en Russie. Cette fois, malgré l'attachement du peuple russe à ses traditions multiséculaires, elle ne pouvait plus être évitée. Le 27 février 1917, les soldats se mutinent dans plusieurs casernes. Le lendemain, se constitue déjà le premier gouvernement révolutionnaire. Dès le 2 mars, le tsar Nicolas II abdique. Le sort en est jeté: le pouvoir détenu pendant quatre siècles par les tsars de Russie passe en de nouvelles mains.

En province, les esprit sont moins tendus: les nouvelles de Petrograd n'y parviennent qu'avec du retard. Le métropolite André vivait encore paisiblement dan sa réclusion de Iaroslavl lorsqu'un matin du début de mars, les gendarmes chargés de sa surveillance lui annoncèrent qu'on avait enlevé leurs armes. Quelques heures plus tard, il apprenait que les autorités de la ville avaient été jetés en prison. Quelques jours plus tard, le P. Jean Deibner et Mlle Ouchakof venaient le surprendre, lui raconter les bouleversements survenus à Petrograd et, en particulier, la formation d'un gouvernement provisoire sous la présidence du prince Lvov. Enfin, trois semaines après le début de la révolution, on vient lui signifier officiellement qu'il était libre.

La situation dans la capitale avait changé sur de nombreux points. Soucieux de supprimer les contraintes de l'ancien régime, le nouveau gouvernement avait proclamé une amnistie complète pour les délits de natures religieuse et, le 20 mars, il avait aboli toutes les restrictions à la liberté des cultes. Les catholiques en éprouvèrent un soulagement facile à imaginer. Une coïncidence heureuse voulait que le métropolite André arrive à Petrograd à cet instant d'espérance et de joie. Ils entreprirent de lui assurer un accueil chaleureux et l'invitèrent à célébrer une liturgie solennelle dans l'église des chevaliers de Malte.

Tous les membres du clergé catholique russes présents à Petrograd concélébrèrent avec lui. Les chants furent exécutés par un des meilleurs chœurs de la ville. Au cours de cette liturgie, le métropolite André ordonna prêtre le P. Vladimir Abrikosof arrivé de Moscou peu auparavant. Pour la première fois dans l'histoire de la Russie, la presse de la capitale avait accepté d'annoncer cet office catholique. Aussi l'église était-elle comble. 

Le Métropolite estima que sa présence à Petrograd à ce tournant de l'Eglise russe était providentielle. Sans hésiter il estima devoir se servir des pouvoirs que lui avait jadis conférés Pie X pour organiser l'activité future des catholiques russes.

De toute evidence, il fallait avant tout leur désigner un prêtre qui sut s'imposer par ses qualités morales et intellectuelles. et n'avait été inféodé à aucun des petits groupes du passé. Le choix était aisé : ce chef ne pouvait être que Léonide Féodorof. Dans ce rapport qu'il écrira au pape le 17 août sur son activité en Russie et le mesures qu'il avait prises à cette heure historique,     

   Les russes catholiques avaient droit de cité. Le métropolite écrira au pape Pie X.

J'ai choisi comme exarque le Père Féodoroff parce que, parmi les prêtres catholiques, il est le seul de taille à remplir ces fonctions et, que de plus, il est vraiment pieux, humble, instruit; c'est un homme d'oraison et avant tout un homme d'Eglis et d'esprit romain"

 

Le P.Léonide se vit conférer le titre d'exarque. D'après le droit byzantin tant religieux que civil, un exarque représente l'autorité suprême dans un territoire particulier, en des circonstances diverses. Jadis les empereurs de Byzance nommaient un exarque pour administrer les territoires de Ravenne en Italie; le Saint Synode de l'Eglise russe dirigeait également par un exarque l'Eglise orthodoxe de Géorgie. Ce titre convenait mieux que tout autre pour exprimer la nature des fonctions confiées au P.Féodoroff. Il indiquait tout d'abord que les pouvoirs les plus étendus lui étaient confiés. Titre byzantin, il faisait ensuite comprendre que ces pouvoirs n'étaient conférés que pour les fidèles de rite grec:  titre nouveau, il suggérait par lui-même   que la fonction était considérée comme  exceptionnelle et temporaire. L'exarque des Russes catholiques resterait dans une position d'attente; il se retirerait dès que l'Union collective espérée entre l'Eglise russe et l'Eglise romaine serait réalisée.

Cependant tandis qu'à Petrograd on prenait ces graves décisions à son sujet, le P.Léonide se trouvait toujours isolé en Sibérie. Le métropolite entrepris des démarches auprès du nouveau Ministère des Cultes en vue de sa libération. Il l'obtint sans peine. Le nouvel exarque repassa les Monts Oural et arriva à  Petrograd  le 2 avril 1917 jour de Pâques, quelques heures avant la célébration.

M. Anton Vladimirovitch Kartachoff, procureur du Saint Synode, était allé lui-même attendre l'exarque à la gare avec une des anciennes voitures de la cour. De son côté, la communauté catholique lui avait préparé une mitre ainsi qu'une croix pectorale plaquée d'or d'après un modèle ancien dessiné par le P. Gleb Verkhovsky.

Dans les traditions liturgiques gréco-russes, l'office Pâques est particulièrement exaltant et prenant par l'exubérance de joie exprimée par ses chants, par la profusion de lumière et d'encens dont il s'accompagne, par tous les gestes des célébrants et des fidèles. Mais en cette année 1917, il fut pour les catholiques russes, une cérémonie inoubliable. Les années précédentes, ils avaient célébré cet office d'une manière clandestine, derrières des fenêtres tapissées de papiers noirs et en retenant leur voix. Cette fois, les temps avaient changé.

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 Pour la première fois, ils purent exécuter la procession qui précède l'office. L'exarque présidait le métropolite étant malade. A minuit précise, un cierge à la main, le clergé et les fidèles sortirent de   leur chapelle rue par la rue Barmalieva et, après un court parcours dans l'obscurité, ils y retournèrent par la rue Pouchkarskaïa. Arrivés devant la porte encore close de la chapelle, l'exarque et ses concélébrants entonnèrent majestueusement ensemble, dans une mélodie qui fait songer à une sonnerie de trompettes, le tropaire byzantin de Pâques : "Le Christ est ressuscité des morts, par sa mort il a triomphé de la mort" La porte fut ouverte, la chapelle s'illumina, et tous pénétrèrent en continuant leurs chants. Autre signe des temps, le successeur de Mgr Klioutchinsky; le nouvel archevêque de Mohilev, Mgr Edouard Ropp était venu rehausser de sa présence l'éclat de la cérémonie.. "a la fin des matines, rapporte un témoin, l'exarque suivant les rubriques, lut lui-même l'homélie pascale de saint Jean Chrysostome. Très ému, il en prononça les premières phrases avec de légers bégaiements. Mais il reconquit aussitôt la pleine maîtrise de ses émotions et retrouva sa diction habituelle très soignée et harmonieuse."  L'évangile de la liturgie qui suivit (le prologue de l'évangile de saint Jean NR) fut chanté en grec, en latin, en slavon et en russe. Enfin, après trois heures de chants et de prières, les fidèles entourant leur exarque et leurs autres prêtres rompirent le jeûne du carême par un repas de fête qui se prolongea jusqu'à l'aube.

Durant trois semaines, le Métropolite André resta immobilisé par la maladie. Quand les forces lui revinrent il décida de réunir ce qu'il appela un synode éparchial pour rédiger avec le plus de précision possible le statut de la jeune Eglise russe. Il y prépara son clergé par une retraite faite en commun puis, le dimanche 28 mai 1917, premier dimanche après la Pentecôte et au calendrier byzantin, fête de tous les saints, il célébra une liturgie pontificale dans l'église des Chevaliers de Malte. La première réunion du Synode eut lieu ensuite dans une salle attenante à l'église Sainte-Catherine. Sept prêtres russes entouraient ce jour-là le Métropolite André. A la dernière session, trois évêques de rite latin et quelques prêtres et laïcs vinrent s'unir à eux. Un nouveau prêtre russe; le père Diodore Kolpinsky, lut d'abord en russe, puis en latin, l'acte officiel établissant l'exarchat de Russie. Le Métropolite se leva ensuite et promulgua officiellement la nomination du P.Léonide Féodoroff aux fonctions d'exarque des Russes catholiques avec juridiction sur toute la Russie d'Europe et d'Asie à l'exception de l'Ukraine et de la Russie Blanche.

Ces deux régions de l'ancien Empire russe étaient alors secouées par des mouvements nationalistes et séparatistes. Le P. Féodorof n'en connaissait qu'imparfaitement le parler particulier. Le Métropolite ne crut pas devoir alourdir davantage encore sa tâche déjà énorme en lui collant ces régions durant une période si troublée. Cette restriction fut d'ailleurs assez vague et elle n'empêcha pas l'exarque d'intervenir plus tard dans ces territoires.

Tous les prêtres tant de rite latin que de rite byzantin présents à la clôture du synode apposèrent leurs signatures sous l'acte établissant l'exarchat. Chacun des prêtres du rite byzantin prêta ensuite serment au Saint-Père et à l'exarque.

Sans l'avoir cherché, l'ancien gouverneur du tsar Nicolas II avait préparé efficacement l'action que le Métropolite André entreprit en cette heure historique. Au début de septembre  1914, lors de l'occupation de Lvov par les armées russes, le gouvernement impérial  avait fait saisir immédiatement dans les archives du palais archiépiscopal  toute la correspondance  et les documents du Métropolite. Ces pièces avaient été entassées dans les caisses et envoyées à Petrograd où des experts en avaient entrepris un examen minutieux. Depuis lors, elles n'avaient plus quitté la capitale. Le Métropolite l'apprit: il entreprit aussitôt des démarches auprès du nouveau gouvernement et rentra bientôt en leur possession Il eut ainsi sous la main le document de Pie X, resté jusque-là ignoré, qui confirmait sa juridiction au titre d'évêque de Kamenets-Podolski  sur tous les catholiques de rite grec. Grâce à ce document, le clergé de rite latin ne pouvait plus contester ses pouvoirs.

Voir Cyrille Korolevski "Le Métropolite André Szeptyckyj, 1865-1944, Rome, 1964 passim.

La maladie, puis les délais imprévus qui lui furent imposés pour l'obtention d'un passeport obligèrent le métropolite à prolonger son séjour en Russie plus qu'il ne le désirait. Avant de quitter il projeta d'achever son oeuvre en conférant la consécration épiscopale  au pasteur qu'il avait établi à la tête de la petite communauté  russe catholique, mais cette fois, il se buta à une opposition ferme du P.Léonide. L'exarque le conjura d'attendre que le pape ait été informé des décisions prises et l'ait confirmé dans ses fonctions. "Il souhaitait aussi, disait-il, pouvoir mettre d'abord ses forces à l'épreuve avant d'accepter semblable responsabilité."

La confirmation du Saint-Siège se fit attendre quatre ans. On s'en souvient, le pape Pie X avait cru en conscience devoir accorder au métropolite Cheptizky des facultés exceptionnelles en vue d'une éventuelle activité pastorale en Russie. Si cette décision était parvenue à la connaissance du gouvernement impérial, elle aurait produit l'effet d'une bombe dans les relations entre la Russie et le Saint-Siège. Pie X  voulut prendre pour lui seul toute la responsabilité et il n'en informa pas la secraiterie d'Etat. Il n'en restait donc pas de traces dans les archives du Vatican.

Quand on apprit à la Secrétairerie d'Etat que le Métropolite André prolongeait son séjour en Russie et y organisait une communauté catholique on en fut très surpris. De quel droit agissait-il ainsi en dehors de sa province ecclésiastique? 

La Mission diplomatique de Russie auprès du Saint-Siège était alors gérée par son secrétaire, M. Nicolas Bock. Ce dernier a raconté dans ses mémoires publiées en Amérique en 1960 comment le Cardinal Gasparri, secrétaire d'Etat lui demanda alors s'il était au courant des pouvoirs extraordinaires conférés oralement au Métropolite André : " Nous n'en trouvons trace, lui dit-il, ni dans les archives de la Secrétairerie , ni dans celles de la Propagande." et il ajouta : "des délégations conférées oralement étaient assez fréquentes aux temps apostoliques, mais au vingtième siècle, c'est chose inouïe."

A la fin de 1920, après de multiples aventures, le Métropolite put enfin se rendre à Rome. Il y arriva le 16 décembre et expliqua son action en fournissant à l'appui des pièces signées par Pie X. Le pape Benoît XV sanctionna les mesures qu'il avait prises et, le 1er mars 1921, confirma l'exarque Léonide dans ses fonctions. Il lui conféra en même temps le titre de protonotaire apostolique "ad instar" (pour le revêtir) suivant les termes mêmes de la lettre officielle accompagnant cette nomination "d'une dignité qui répondit à ses fonctions et pour lui montrer la bienveillance toute particulière du Saint Père."                                                                                                          

Le Synode éparchial de Petrograd formula encore quelques résolutions concernant la discipline du clergé catholique russe, les usages liturgiques à adopter et la publication d'ouvrages religieux en russe pour les catholiques."                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                    

 

 

 



27/04/2016
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