Tikhon patriarche de Russie sous la révolution

Tikhon de Moscou

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Photographie du patriarche Tikhon
 
Église principale du monastère Donskoï de Moscou

Saint Tikhon de Moscou (né Vassili Ivanovitch Bellavine, en russe : Василий Иванович Беллавин, le , mort le ) fut, entre 1917 et 1925, patriarche de Moscou et de l'Église orthodoxe de Russie. Il fut canonisé en 1989[1].

Dernier patriarche de la Russie impériale, il fut détenu jusqu'à sa mort dans le monastère Donskoï. Il avait prédit : « la nuit sera sombre et longue, très longue ».

Il est enterré au cimetière du monastère, où il fut rejoint en l'an 2000 par l'écrivain Ivan Chmeliov, mort en exil et le 3 octobre 2005, par les cendres du général Anton Dénikine et du philosophe russe Ivan Iline.

Le peintre Pavel Korine qui avait assisté en 1925 aux obsèques du patriarche, a voulu lui rendre hommage en lui consacrant un tableau intitulé Requiem pour la Russie qui disparaît. Commencée en 1926 cette œuvre n'a jamais pu être achevée.

 

 

Jusqu'au patriarcat[modifier | modifier le code]

De 1878 à 1883, il fit ses études au Séminaire théologique de Pskov. En 1888, à l'âge de 23 ans, il passa ses examens à l'Académie théologique de Saint-Pétersbourg en tant que laïc. Il revint ensuite au séminaire de Pskov pour y devenir professeur de morale et de théologie dogmatique. En 1891, à l'âge de 26 ans, il prononça ses vœux monastiques et reçut le nom de Tikhon en l'honneur de saint Tikhon de Zadonsk. Il fut consacré évêque de Lublin, le 19 octobre 1897. Le 14 septembre 1898, il fut fait évêque des Îles Aléoutiennes et de l'Alaska. En tant que chef de l'Église orthodoxe russe en Amérique, il réorganisa son diocèse et en changea le nom en « Diocèse des Îles aléoutiennes d'Amérique du Nord » en 1900. Pendant qu'il vivait aux États-Unis, l'archevêque Tikhon reçut la nationalité américaine.

Il eut deux évêques auxiliaires aux États-Unis : Mgr Innocent (Poustynsky) en Alaska, et Saint-Raphael (Hawaweeny) à Brooklyn. En juin 1905, il donna sa bénédiction pour la création du monastère Saint-Tikhon en Pennsylvanie. Le 22 mai 1901, il bénit la première pierre de la cathédrale Saint-Nicolas à New York, et il s'investit également dans la création d'autres églises en Amérique du Nord. Le 9 novembre 1902, il consacra l'église Saint-Nicolas à Brooklyn pour les immigrants relevant de l'Église orthodoxe melkite. Deux semaines plus tard, il consacra la cathédrale Saint-Nicolas à New York.

En 1907, il revint en Russie, et fut nommé évêque de Iaroslavl, puis transféré à Vilna (aujourd'hui Vilnius en Lituanie), le 22 décembre 1913. Le 21 juin 1917, il fut élu évêque de Moscou par le Congrès diocésain des clercs et des laïcs. Le 15 août 1917, il fut élevé à la dignité de métropolite de Moscou. Le 5 novembre de la même année, après que Tikhon eut été élu comme l'un des trois candidats au Patriarcat de Moscou qu'on venait de restaurer, le Métropolite Vladimir de Kiev annonça qu'il avait été choisi pour le poste après tirage au sort comme nouveau patriarche de l'Église orthodoxe de Russie.

Patriarcat

Pendant la guerre civile russe le Patriarche fut généralement considéré comme anti-bolchevique et de nombreux membres du clergé orthodoxe furent emprisonnés ou exécutés par le nouveau régime. Tikhon condamna publiquement l'assassinat de la famille du tsar en 1918, et protesta contre les attaques violentes des bolcheviks contre l'Église.

Pendant la famine de 1922, le Patriarche fut accusé d'être un saboteur par le gouvernement communiste, et fut pour ce motif incarcéré d'avril 1922 à juin 1923 au monastère Donskoï. Parmi les actes qu'on lui reprochait figurait sa protestation publique contre la nationalisation des biens de l'Église. Cette persécution eut une résonance internationale et fut l'objet de plusieurs notes adressées au gouvernement soviétique.

Sous la pression des autorités, le patriarche Tikhon publia plusieurs messages aux croyants dans lesquels il disait notamment qu'il n'était « plus ennemi du pouvoir soviétique ». Une analyse textuelle de ces messages montre des similitudes avec un certain nombre de documents sur l'Affaire Tikhon retrouvés au Politburo bolchevique. Malgré sa déclaration de loyauté, il continua à jouir de la confiance de la communauté orthodoxe en Russie. En 1923 il fut « déposé » par un concile de la prétendue Église vivante, dirigé en sous-main par les Soviets, qui décréta que « désormais il n'était plus que le simple citoyen Andreï Bellavine ». Cette déposition ne fut jamais reconnue comme un acte libre de l'Église orthodoxe russe, et est de ce fait considérée comme nulle.

En 1924, le patriarche tomba malade et fut hospitalisé. Le 5 avril 1925, il servit sa dernière Liturgie Divine, et mourut deux jours plus tard, le , jour de la Fête de l'Annonciation. Il fut enterré le 12 avril à l'église d'hiver du monastère Donskoï à Moscou. Dès le moment de sa mort, il fut généralement regardé comme un martyr ou un confesseur de la foi.

Canonisation

Tikhon fut canonisé par les hiérarques de l'Église orthodoxe russe hors frontières en 1981, dans le cadre de la grande glorification des nouveaux martyrs et confesseurs victimes de la persécution soviétique. Il fut ensuite canonisé par l'Église orthodoxe russe (Concile des évêques du 9 octobre 1989). Cette canonisation ultérieure est généralement considérée comme un signe du dégel des relations entre l'Église et le pouvoir soviétique pendant la Glasnost.

Le 19 février 1992 (selon une autre source, le 22 février) ses reliques furent retrouvées presque intactes. Elles furent placées dans un superbe reliquaire et le , cinquante évêques les transférèrent solennellement à la principale cathédrale du monastère Donskoï en un lieu d'honneur à proximité du sanctuaire).

Notes et références



09/06/2015
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