La réunion des Eglises Ivan Serge Gagarin

La Réunion des Eglises

Selon Ivan Serge Gagarin, s.j.

(1814-1862)

Lorsque la Russie aura renoncé à des préjugés aveugles et à une législation

inique, le schisme qui la tient séparée de l'Eglise catholique disparaîtra

comme la neige aux premiers rayons du printemps. On se souviendra alors du

petit groupe d'hommes dévoués à leur patrie en même temps qu'à leur foi,

qui ont travaillé à hâter ce bienheureux moment. (1)

C'est en ces termes que Ivan Gagarin commence un compte-rendu de l'autobiographie de A.M

Schouvalov, comte russe devenu barnabite dont le nom, parmi ce petit

groupe, devait briller d'un vif éclat, comme Gagarine le prévoyait (2).

Un "pusilux grex" en effet, qui a su donner un attrait enthousiaste et juvénile à l'idée de réunion de la Russie avec l'Eglise-mère ; enthousiasme que n'a pas affaibli une attente si souvent déçue, un appel pressant, resté hélas, toujours vain. Galitzin, Schouvalov, Gagarin, Pierling, Martinov, Soloviev et parmi les non-Russes Tondini et de Rozaven, beaucoup de ces noms n'ont-ils pas été oubliés ou relégués au second plan par l'éclat d'un seul nom fameux parmi eux? Tous pourtant sans exception ont contribué à débarrasser de la poussière de tant de siècles et de tant de bibliothèques l'idée d'une réunion de l'Orient Chrétien et surtout de la Russie avec l'Eglise catholique ; et de lui donner la place qui lui revient, au coeur du Catholicisme. On avait rarement aussi bien compris ce que Tondini exprimait si heureusement : "L'union des Eglises est de l'essence même du christianisme, tout comme il est de l'essence même de l'esprit chrétien de chercher cette union (3). A cet égard aussi le XIXe siècle si décrié garde tout son charme et toute sa valeur.

Parmi les noms cités plus haut, un des plus oubliés est peut-être bien celui du Prince Ivan  Serguievitch Gagarin (4) Soixante-dix ans après sa mort on ne trouve encore guère sur lui d'autre publication biographique que la notice de P. Pierling, sJ dans le Dictionnaire Biographique russe (5) et on peut s'estimer heureux de découvrir ailleurs quelques renseignements complémentaires (6) Bon nombre de ses écrits ont subi le sort que subissent même les meilleurs articles de revues, si l'auteur lui-même ne veille pas en temps opportun à leur donner une présentation plus durable (7) C'est une des raisons qui font que Gagarin est resté "un grand inconnu" alors qu'il est pourtant l'auteur de "La Russie sera-t-elle catholique? livre qui a fait sensation vers le milieu du XIXe siècle.(8)

Esquisse biographique

Le Prince Ivan Serguiévitch Gagarin est né à Moscou le 20 juillet 1814, fils de Sergeï Ivanovitch et de la princesse Barbara Michaïlovna, née Pouchkine. Sa mère s'était chargée seule de son éducation; elle avait une personnalité peu commune, à en juger par la correspondance avec son fils, elle était pieuse et douce de caractère. Un précepteur français enseigna très tôt au jeune Ivan la langue française dans laquelle il rédigera plus tard presque tous ses écrits et lui fera découvrir la culture française, dont Ivan se montrera digne représentant après sa conversion pendant son exil volontaire. L'enfance de Ivan Gagarin coïncide donc avec la première décennie du règne d'Alexandre I (1801-1825) . C'est l'époque du réveil russe ; la situation historique dans laquelle vivait le peuple russe, menait forcément à un procès de prise de conscience. On  a dit, avec raison d'ailleurs, que les guerres napoléoniennes du début du dix-neuvième avaient bien plus largement ouvert une "fenêtre" sur l'Occident que n'avait réussi à le faire cent ans plus tôt l'énergie indomptée de Pierre le Grand. Jamais il n'avait eu ce contact immédiat avec l'Europe occidentale et sa culture ; le séjour en France des armées russes victorieuses après l'entrée triomphale dans Paris avait à lui seul déjà laissé d'innombrables impressions qui ne pouvaient rester sans conséquences profondes. "Il fallait qu'il y eut pour le peuple russe un temps de réflexion sur soi-même, un temps d'examen de la valeur de son existence... Les Russes étaient forcés par toute la situation historique de réfléchir sur le destin du peuple russe, sur son rôle dans l'histoire de l'humanité". Le souvenir encore frais de la rencontre avec l'Occident fait que l'époque d'Alexandre 1er manifeste une forme d'angoisse spirituelle, mais cette époque se caractérise également par des aspirations vers un universalisme religieux et politique qui apparaissent dans divers milieux (10) Ce n'est pas par hasard que l'on constate de-ci de-là pendant cette période un rapprochement vers l'Eglise Catholique, certes, ce sont quelques cas individuels, mais néanmoins suffisamment nombreux pour que Gagarin puisse écrire " les idées catholiques ont exercé en Russie, au commencement de ce siècle une influence beaucoup plus considérable qu'on ne semble le supposer" (11). L'influence de la pensée catholique en Russie sous le règne d'Alexandre 1er frappe encore davantage, si on établit une comparaison avec l'époque de Catherine, pendant laquelle l'autorité de Voltaire, Diderot etc. était si forte et généralement reconnue qu'il n'y avait pas la moindre influence catholique à Saint-Pétersbourg, Gagarin n'était pas seul à ressentir, à un âge plus avancé, une pieuse vénération pour les débuts du dix-neuvième..." Ces premières années du siècle et ... ces premiers commencements, qui ont pour nous comme le parfum de la primitive Eglise. (12) Il continue en disant que des noms tels que ceux de Madame Swetchin, de la princesse Alexis Galitzine et de la comtesse Rostopchine ne seront jamais effacés de la mémoire des catholiques russes. Le petit groupe de convertis, qui par la ferveur de leur foi et leur solide piété compensaient bien le nombre infime, n'ont pas manqué d'héritiers même après dislocation et dispersion du groupe; pendant tout le XIXe siècle de nouveaux noms ont été ajoutés aux anciens. (13)

Pendant sa jeunesse I.Gagarin n'a pourtant pas été en contact direct avec les idées catholiques. Il reçut une éducation "orthodoxe" solide et pieuse. En 1831 il est engagé comme étudiant aux Archives des Affaires Etrangères, qui se trouvaient sous la direction de Malinovsky. En septembre 1832 il passe ses examens à l'Université et l'année suivante déjà il est adjoint à une mission diplomatique à Munich, où son oncle était ambassadeur. C'est le début de ses multiples occupations intellectuelles. Il lit énormément "la plume à la main" et il entre en contact avec Schelling et avec d'autres personnages renommés dans le domaine scientifique. C'est à Munich aussi qu'il lie amitié avec Th. Tioutchef, dont il a très tôt su apprécier le talent poétique et dont il s'est chargé de publier les oeuvres.

En janvier 1836 Ivan Gagarin est renvoyé à St.Petersbourg, promu chambellan et nommé à la Chancellerie du Ministère des Affaires Etrangères. Il faisait souvent le voyage à Moscou où il rendait chaque fois visite à P.Tchaadev, auteur des Lettres Philosophiques et de L'Apologie d'un fou, écrits publiés par Gagarin en 1862 (14). Dans la préface aux Oeuvres choisies de Pierre Tchadaïef il parle de la grande sympathie qu'il a toujours éprouvée pour Tchadaïev et reconnaît lui devoir beaucoup. C'est à son influence parmi d'autres indubitablement qu'il faut attribuer chez Gagarin un attrait préférentiel pour les "Occidentalistes", bien qu'il ne fût pas totalement étranger aux idées "slavophiles". En effet toute l'intelligentsia russe de cette époque était soit occidentaliste soit slavophile; tout problème, quel qu'il fût, devait être absorbé abordé à partir de ce point de vue ; la Russie est-elle l'Orient ou l'Occcident, doit-elle continuer sur la route des réformes pétriniennes ou rebrousser chemin vers la "Rousse" Moscovite d'avant Pierre le Grand? C'était aussi l'époque des dialogues et des disputes interminables, qui se prolongeaient dans les clubs et les cercles de tout genre, qui avaient pour thème inépuisable la question décisive concernant l'avenir de la Russie et sa mission dans le monde. Si les sympathies de Gagarin penchaient plutôt du côté des Occidentalistes il ne s'était déclaré pour aucun mouvement ou parti. Il était seulement membre à St.Péterbourg d'un cercle "les Seize", ainsi nommé à cause du nombre de ceux qui le soir se réunissaient pour disputer et discuter, ce à quoi se limitait d'ailleurs toute l'activité du cercle (15)

A partir de 1838, Ivan Gagarin était attaché comme jeune secrétaire à l'Ambassade russe à Paris. "Jeune homme brillant et accompli" (16) il y trouva d'innombrables occasions d'accroître ses connaissances et d'entrer en contact avec les représentants les plus importants de la vie culturelle française. Surtout au salon de Mme Swetchine, qui était une de ses proches parentes, son attention fut attirée sur le Catholicisme. Des personnages tels que Lacordaire, Falloux, de Montalambert, dom Guéranger s'y rencontraient et s'y entretenaient de sujets les plus disparates et les plus abstrus. "Cette société des esprits soumis à une même loi (17) qu'il apprit à connaître dans les réunions chez Madame Swetchine, fut vraiment pour lui une révélation Jusqu'ici le Catholicisme qu'il admirait certes sous certains aspects, était resté un terrain étrange et ignoré. (18) Quatre années passèrent ainsi. Pendant ce temps il entreprend quelques voyages en Allemagne, en Belgique, aux Pays-Bas et en Angleterre. En 1842 éclate la crise spirituelle qui aboutira à sa conversion au Catholicisme. Madame Swetchine ne fut pas peu surprise quand il lui annonça qu'il était attendu le lendemain chez le P. de Ravignan pour examiner sa réception dans l'Eglise catholique. En 1843 il entra au noviciat des Jésuites.

Selon son propre témoignage, dit Pierling, les premiers à l'avoir orienté dans cette direction ont été P.Tchaadaief par ses considérations exactes et d'autre part par le Métropolite de Moscou Filaret et A. Mouraviev, dont l'argumentation lui paraissait faible. (19)

Après son passage au Catholicisme et son entrée dans la Compagnie de Jésus, il s'enflamma pour un seul idéal : la réunion de l'Eglise russe et de l'Eglise catholique. "Le plus cher de mes voeux, le plus ardent de mes désirs, c'est de voir l'Eglise russe réconciliée avec le Saint-Siège, non par absorption dans l'Eglise latine, mais par l'union sur les bases arrêtées autrefois à Florence" écrivit-il en 1857 (20) Après ses études de théologie et  un séjour à Rome (21) Gagarin était revenu à Paris en 1855. Avec I.M.Martinov, E.P et quelques autres on forma un groupe d'études consacré spécialement à l'étude de l'histoire russe et de la situation en Russie (22). On décida la fondation d'une bibliothèque devenue "la Bibliothèque slave" A peine rentré à Paris, Gagarin s'occupa de publier en russe un petit catéchisme, un premier catéchisme catholique en langue russe, et qui était destiné aux prisonniers de guerre russes.

Son zèle impétueux se manifesta encore davantage quand parut en 1856 son ouvrage spectaculaire: " La Russie sera-t-elle catholique? (Paris 1856) dont on publia rapidement plusieurs traductions, en russe, en espagnol et deux en allemand (23). Dans la préface il se déclare convaincu que jamais les circonstances n'avaient été plus favorables pour mettre fin à l'hostilité séculaire de l'Eglise russe envers le Saint-Siège. Le pape qui occupe le siège de Pierre nourrit envers l'Orient des sentiments extrêmement conciliants. Il fait ici allusion à l'encyclique du pape Pie IX aux orientaux In Suprema Petri Sede du 6 janvier 1848. Le pape adressait cette lettre en premier lieu aux évêques catholiques d'Orient, mais il y ajoutait également une invitation et une exhortation destinée aux évêque séparés. (24).

Gagarin cite comme symptômes propices chez les Russes eux-mêmes le fait que les évêques russes encouragent la réaction contre les tendances protestantes et fébroniennes. Il fonde son espoir avant tout sur le Tsar Alexandre II, qui après la fin de la guerre de Crimée avait eu de si nobles paroles pour s'adresser au peuple russe dans son Manifeste de paix. Ces mêmes paroles se retrouvent au début de l'ouvrage de Gagarin et il pose la question : " A quelle époque ... a-t-on vu sur le trône de Russie un souverain plus capable de mener à bien une pareille entreprise? Celui qui a terminé la guerre dont nous sortons à peine, celui qui a signé le traité de Paris et le manifeste du 31 mars peut mieux que personne provoquer des négociations entre le clergé russe et le Saint-Siège faire assembler un Congrès ecclésiastique et apposer sa signature à un traité de paix, religieuse qui ouvrirait une ère nouvelle à la Russie et au monde

L'écrivain et ses oeuvres

L'ouvrage comprenait quatre chapitres : le rite oriental, l'Eglise et l'Etat, le clergé russe, Catholicisme et Révolution; il devait être un cri d'appel suscité par l'angoisse de voir la Russie succomber aux périls que Gagarin voyait monter déjà un demi-siècle avant leur déchaînement. " Je croirais manquer à mon devoir si, voyant le précipice, je ne le signalais pas", écrivait-il quelques années plus tard (26.) Quand Gagarin parlait de la menace révolutionnaire, il n'adoptait pas ce ton de clairvoyance prophétique qu'affectionnaient certains romanciers russes. Bien au contraire, il s'efforçait de désigner avec précision et de mettre à nu les germes tangibles et déjà présents. Pour ce  faire, dit-il, il faut d'abord clairement se rendre compte de la mentalité russe, principalement dominée par deux tendances. Les uns ont goûté à la civilisation européenne ("ce fruit de la science du bien et du mal"), d'autres sont restés fidèles aux coutumes anciennes, "à cet ensemble d'idées et d'habitudes que Pierre 1er et Catherine II qualifiaient  de barbarie et qu'aujourd'hui des admirateurs enthousiastes voudraient nous faire accepter comme une forme originale et féconde de la civilisation" (27). De toute évidence Gagarin désigne les Occidentalistes et les Slavophiles. Or l'idée révolutionnaire a ses partisans et ses adversaires dans chacun des deux groupes. Les sympathies révolutionnaires étaient indubitablement plus prononcées chez ceux qui adhéraient aux idées occidentales. Il lui suffit pour cela de renvoyer aux écrits publiés à Londres par Herzen (28) et à la correspondance entre Bélinsky et Gogol. (29). Mais aussi le mouvement qu'il désigne comme "le vieux parti moscovite" ne peut être jugé exempt de toute souillure révolutionnaire. Cachée derrière les mots pompeux "d'Orthodoxie, Autocratie et nationalité" il voit surgir l'ombre de la révolution. De toute évidence Gagarin désigne les Occidentalistes et les Slavophiles. Or l'idée révolutionnaire a ses partisans et ses adversaires dans chacun des deux groupes. Les sympathies révolutionnaires étaient indubitablement plus prononcées chez ceux qui adhéraient aux idées occidentales. Il lui suffit pour cela de renvoyer aux écrits publiés à Londres par Herzen (28) et à la correspondance entre Belinsky et Gogol (29) Mais aussi le mouvement qu'il désigne comme "le vieux parti moscovite", ne peut être jugé exempt de toute souillure révolutionnaire. Cachée derrière les mots pompeux "d'Orthodoxie", Autocratie et nationalité", il voit surgir l'ombre de la révolution et il croit devoir prononcer un jugement sommaire et sévère. "Ce n'est que la forme orientale de l'idée révolutionnaire du XIXe siècle (30)

La révolution Gagarin l'a prévue avec une précision presque angoissante. Il désirait démontrer que la Russie manifestait la contradiction la plus flagrante en combattant d'une part les éléments révolutionnaires mais en attaquant d'autre part le catholicisme Car malgré les apparences il n'y a que deux principes agissant dans le monde : le principe révolutionnaire qui est fondamentalement anti-catholique, et le principe catholique, qui a fondamentalement anti-révolutionnaire. La Russie doit donc prendre conscience de ce dilemme : Catholicisme ou révolution. Pour Gagarin, il n'y a pas de moyen terme. 

Il ressentit avec amertume les premières réactions critiques contre le projet unioniste tel qu'il l'avait exposée dans "la Russie sera-t-elle catholique? Et qui venaient des catholiques polonais (31) A cause d'un point de vue nationaliste le journal polonais Czas lança une violente polémique contre Gagarin. La critique de Przeglad Poznanzki (1857) fut plus modérée. Il en résulta une polémique avec le rédacteur en chef de ce dernier dans l'Univers (32) Gagarin dut subir quelques attaques également de la part des Grecs (33) et du côté russe entre autres celles de AS Khomiakov (34) Il pouvait malgré tout constater en 1859 : "Nous pouvons le dire avec assurance, elle a trouvé en Russie des sympathies plus nombreuses qu'on ne l'aurait cru ; mais ces sympathies, pour des raisons que chacun comprendra, ont beaucoup de peines à se faire jour ...si nous en croyons notre correspondance et ce que rapportent les voyageurs, l'opinion exprimée en cet ouvrage est celle d'un grand nombre de personnes" (35) Le cri d'appel de Gagarin suscita des résultats plus directs et tangibles en Occident. Dans l'article cité plus haut il pouvait annoncer que les évêques allemands de la Rhénanie "entraînant par leur exemple tous leurs vénérables frères dans l'épiscopat en Allemagne" avaient fondé une pieuse association qui se proposait par la prière et l'étude de lever les obstacles qui depuis des siècles entravaient la réunion. En outre dans toutes les paroisses des diocèses allemands on prierait chaque dimanche pour la réconciliation de l'Eglise russe et de l'Eglise d'Orient avec le Saint-Siège. Pie IX avait accordé sa bénédiction à cette croisade pacifique, écrivait Gagarin, et avait envoyé un bref aux évêques qui en avaient pris l'initiative.

Tout cela était une suite directe de La Russie sera-t-elle un jour catholique?" et qui venaient des catholiques polonais? (31) A cause d'un point de vue nationaliste le journal polonais Czas lança une violente polémique contre Gagarin.  La critique de Przeglad Poznanski (1857) fut plus modérée. Il en résulta une polémique avec le rédacteur en chef de dernier dans l'univers (32) Gagarin dut subir quelques attaques également de la part des Grecs (33) et du côté russe entre autre celle de AS Khomiakov (34) Il pouvait malgré tout constater en 1859: "Nous pouvons le dire avec assurance, elle a trouvé en Russie des sympathies plus nombreuses qu'on ne l'aurait cru ; mais ces sympathies, pour des raisons que chacun comprendra, ont beaucoup de peine à se faire jour... si nous en croyons notre correspondance et ce que rapportent les voyageurs, l'opinion exprimée en cet ouvrage est celle d'un grand nombre de personnes" (35) Le cri d'appel de Gagarin suscita des résultats plus directs et tangibles en Occident. Dans l'article cité plus haut il pouvait annoncer que les évêques allemands de la Rhénanie, "entraînant par leur exemple tous leurs vénérables frères dans l'épiscopat en Allemagne" avaient fondé une pieuse association qui se proposait par la prière et l'étude de lever les obstacles qui depuis des siècles entravaient la réunion. En outre dans toutes les paroisses des diocèses allemands on prierait chaque dimanche pour la réconciliation de l'Eglise russe et de l'Eglise d'Orient avec le Saint-Siège. Pie IX avait accordé sa bénédiction  à cette croisade pacifique, écrivait Gagarin, et avait envoyé un bref aux évêque qui en avaient pris l'initiative.  

Tout cela était une suite directe de La Russie sera-t-elle catholique? En Westphalie le Baron Von Haxtausen bien connu pour ses voyages en Russie, avait été fort impressionné par la brochure de Gagarin, si bien qu'il écrivit une longue préface pour l'édition allemande et rédigea un projet pour arriver à des résultats concrets. Grâce à lui une rencontre de Gagarin avec trois évêques allemands eu lieu à Paderborn pour discuter du problème de la réunion On arriva à la conclusion qu'une campagne de prières devait être organisée. Ainsi naquit la "Petrusverein" (Association de Saint-Pierre) Von Haxthausen partit pour Rome emportant un rapport des activités de l'Association. Pie IX adressa un bref à l'évêque de Münster, Johan Georg, donnant sa pleine approbation au projet. (36).    

Entre-temps Gagarin recherchait d'autres moyens pour propager son idée favorite. La fondation d'une revue, où les questions théologiques et historiques relatives à la réunion de l'Eglise russe avec l'Eglise catholique occuperaient une large place, était depuis longtemps un de ses désirs les plus fervents. En 1857 parut le premier fascicule des Etudes de Théologie, de Philosophie et d'Histoire. Les rédacteurs étaient Charles Daniel S.J. et I.Gagarin S.J. Pour traiter des affaires russes les collaborateurs étaient I.M.Martinov, le bollandiste V. de Buck et P.Verdière. Au total on publia six fascicules comprenant des articles sur la Russie. 

Le premier fascicule s'ouvrait par un article de Gagarin : "De l'enseignement de la Théologie dans l'Eglise russe" (37) et contenait une nette prise de position concernant la tâche qu'il s'était assignée. "Il faut un intermédiaire qui fasse connaître à l'Europe savante les travaux des ecclésiastiques russes et qui transmette à ceux-ci les observations et les critiques qui pourraient manquer dans leur pays. C'est cette place que nous voudrions prendre... (38) Peu à peu cependant les collaborateurs français de la revue allaient prendre une place dominante, de sorte que la rédaction aussi fut modifiée et que le caractère propre de la revue changea. Après bien des transformations naissait ainsi l'important organe des Jésuites français Etudes. 

Les plus importants articles de Gagarin ont été publiées dans la revue qu'il avait fondée. Nous avons déjà cité le premier qui ouvrait la série des Etudes Publiées depuis lors : "De l'enseignement de la Théologie dans l'Eglise russe". L'histoire de la théologie russe, telle qu'elle est exposée par Macaire Boulgakov dans sa "Théologie dogmatique" y est soumise à une appréciation critique. Selon Gagarin les théologiens russes doivent sur plusieurs points s'engager dans une autre direction que celle de leurs prédécesseurs du XVIIIe siècle. Ils feraient bien de prendre pour modèles ces théologiens du XVIIe siècle qui consultaient les ouvrages des grands maîtres catholiques.

"Les Starovères. L'Eglise russe et le pape "(39) est un article écrit à propos du livre de Mgr Grégoire, archevêque de Kazan : "La véritable Eglise Orthodoxe ancienne de Jésus-Christ. Exposé à l'intention des soi disant Vieux-Croyants. (St.Pétersbourg 1856) Voici comment on peut résumer l'argumentation de Mgr Grégoire contre les vieux-croyants : la véritable Eglise de Jésus-Christ est une Eglise hiérarchique, c'est-à-dire une Eglise dotée d'une hiérarchie instituée par Jésus-Christ. Or les vieux- croyants n'ont pas de hiérarchie, ils ne sont donc pas l'Eglise véritable. Gagarin appelle cela un argument ad hominem qui ne va pas au fond du problème. Car si les vieux-croyants n'ont pas d'évêques, c'est un fait purement accidentel; Ils pourraient tout aussi bien être dotés d'une hiérarchie et néanmoins rester schismatiques. Le schisme ne consiste pas dans le manque d'évêques.

On peut pourtant admettre que l'argument suffit en ce moment pour constater que les vieux-croyants sont en dehors de l'Eglise. Encore faut-il démontrer où se trouve la véritable Eglise. Elle n'est pas chez les vieux-croyants puisqu'elle ne peut exister que dans une communauté hiérarchisée. "Mais", pourraient répliquer les vieux-croyants à Mgr Grégoire, "l'Eglise russe n'est pas la seule à posséder un épiscopat. Outre l'Eglise catholique, les Arméniens, les Jacobites, les Nestoriens, ont aussi leur évêque. Quelle est parmi ces Eglises l'Eglise véritable?"

Mgr Grégoire, en appelait à l'absence d'évêque chez les vieux-croyants pour montrer qu'ils ne sont pas la vraie Eglise. Mais la hiérarchie telle qu'instituée par Jésus-Christ, dit Gagarin, n'est pas composée seulement de diacres,de prêtres et d'évêques Sans le pape la hiérarchie est incomplète et tronquée. L'argument contre les vieux-croyants, Gagarin voudrait la formulée ainsi : la véritable Eglise est celle qui comprend aussi le Pape : les vieux-croyants ne sont pas en communion avec le pape, ils ne sont donc point la véritable Eglise. 

Dans la suite de l'article, Gagarin démontre l'institution divine de la Primauté par les textes de l'Ecriture, des Pères de l'Eglise et de la liturgie de l'Eglise russe Il fixe son attention tout particulièrement sur l'opinion très répandue en Russie, selon laquelle l'Eglise ne peut avoir une tête visible parce que Jésus-Christ en est seul la tête; ce serait donc attenter aux droits du Christ que de reconnaître une tête visible parce que Jésus-Christ en est la seul la tête; ce serait donc attenter aux droits du Christ que de reconnaître une tête visible Il répond à cette objection, qui dénote l'influence protestante dans la théologie russe, en posant entre autres la question suivante : Pourquoi quelques centaines d'évêques, dispersés sur la surface du globe, portent-ils moins atteinte aux droits de Jésus-Christ sur l'Eglise, que quelques centaines de papes se succédant dans la suite des siècles? (40) Dans le même article une autre objection des Russes est mentionnée, due à un malentendu concernant l'infaillibilité qu'ils confondent avec l'impeccabilité? (41)

Parmi les autres articles de Gagarin dans les Etudes, il faut encore citer ici : "Les partisans et les adversaires de l'union" (43) où il répond aux attaques suscitées contre lui à l'occasion de la publication de son livre La Russie sera-t-elle catholique?"Méritent spécialement d'être mentionnées ses études importantes sur La Réforme du clergé russe (43) qui paraîtront ensuite dans un recueil séparé. (44)

Des articles de sa main ont paru également dans d'autres périodiques tels que Correspondant, Contemporain, Journal de Bruxelles Il a par exemple écrit pour Le correspondant un très intéressant essai sur "Tendances catholiques dans la société russe "(45) que doit consulter quiconque veut examiner ou étudier les symptômes catholiques dans la Russie du XIXe siècle. Le zèle passionné de Gagarin n'avait pas pour seul objet la réunion de l'Eglise russe; son intérêt s'étendait aussi aux autres Eglises séparée d'Orient Il participa à la fondation de "L'Oeuvre des Ecoles d'Orient" et séjourna trois mois en Syrie et en Palestine pendant l'année 1859 En 1862, il s'embarqua de nouveau pour la Syrie où il demeura cette fois quelques années à Beyrouth comme professeur d'histoire de l'Eglise et, comme prédicateur. Peuvent être considérées comme fruits de ce séjour les deux articles ; "L'avenir de l'Eglise grecque-unie (47) et "Les Eglises orientales unies "(48) où il traite des problèmes spécifiques de l'Eglise catholiques de rite oriental (49) Forcé par la maladie il rentre à Paris, il y passera le reste de sa vie jusqu'à sa mort en 1882, toujours soucieux de promouvoir par des brochures et des articles un avenir catholique de sa patrie russe. Comme il l'écrivit en 1877, il voyait en effet approcher le jour où l'Eglise russe "tombera en ruines, tellement augmentait le nombre d'incroyants, de nihilistes, de matérialistes et d'athéistes, tandis que d'autres cherchaient leur salut dans les sectes, qui se multipliaient de jour en jour (50). La Russie ne pouvait être sauvée, il ne cessait de le répéter, que par son union avec l'Eglise Catholique. Sans crainte d'exagération on peut considérer Ivan Sergievitch Gagarin comme un des plus fervents zélateurs de la réconciliation, au siècle dernier, des Eglises dissidentes d'Orient et spécialement de l'Eglise russe avec l'Eglise catholique. Pour illustrer son esprit unioniste, point n'est besoin de longtemps chercher des citations : "Lorsqu'on traite une question aussi grave que la réconciliation de l'Eglise russe avec l'Eglise catholique, je ne crois pas qu'on puisse y mettre trop de charité, trop de procédés. Je ne puis m'empêcher de croire, que si l'on avait dépensé, pour se rapprocher, autant d'encre qu'on en a employé pour se séparer davantage de jour en jour, il y a longtemps que l'union serait faite" Et encore : "Pour ma part, je ne crois pas qu'on puisse songer à des négociations sérieuses entre la Russie et le Saint-Siège, s'il faut partir du principe que les Russes doivent se présenter en suppliants. Si le gouvernement et les évêques russes le faisaient, le peuple russe, qui a aussi son orgueil patriotique, ne les suivrait pas et, au lieu d'une réconciliation, on risquerait d'avoir une révolution " (51)

Cette mentalité irénique se perçoit à travers presque tous ses écrits et c'est bien pourquoi ils valent la peine d'être lus encore aujourd'hui malgré les changements radicaux intervenus dans la conjoncture actuelle qu'ils avaient en vue. Nous voudrions surtout leur attribuer une valeur permanente, parce qu'on rencontrera rarement une expression plus pure de ce qu'on a appelé "l'angoisse de l'unité à retrouver", mais en même temps parce qu'ils contiennent les convictions profondes d'un homme qui, pour suivre sa vocation, est allé jusqu'au bout de sa loyauté, de ses efforts, de son courage et de l'absolu dans le don de soi (52)

 

G. Remmers

 

Extrait de Het Christelik Osten en Heireniging 1949-1950 pp 91-105

 

(1) Etudes Nouvelle série, t.1 (1859) p. 455

(2) Ma conversion et ma vocation Paris 1859

(3) C. Tondini de Quarenghi, La Russie et l'union des Eglises, Paris 1897 pp: 135-146 

(4) "Un des ouvriers de la première heure, trop oublié aujourd'hui en dehors de la famille religieuse qu'il avait choisie et d'un petit cercle d'érudits, le P.Ivan Gagarin " Cyrille Korolevsky "Les premiers temps de l'histoire du collège grec de Rome (1576-1622) Stoudion Vol III (1926) p.33

(5) Russki Biograficeski slovar, Moskva 1896-1913 t.4 pp 69-74

(6) Ainsi p.ex. la biographie de Madame Swetchine, par M.J.Rouêt de Journal, où l'on parle aussi de la conversion d'I.Gagarin Une russe catholique, Madame Swetchine Paris 1929, Cf.Ch Clair Premières années et conversion du Prince Jean Gagarin Revue du monde catholique Paris 1883, t.XIX pp:113-115 Xavier Korzak-Branicki, Les Nationalités slaves, Lettres du P.Gagarin Paris 1879 Ghennady, Les écrivains franco-russes, Dresden, 1874, pp: 16.86. Falloux, Lettres de Madame Swetchine, Paris 1867 t II pp: 285-382 Gatti-Korolevski, I rittii e le Chiese Orientali, Genova, 1942, vol I, pp: 838-841 Pour la littérature ultérieure, cf Pierling o.c; p.  74

(7) A quoi s'ajoute le fait que l'imposante collection des Etudes, où la plupart des articles de Gagarin ont été publiés, présente dans quasi toutes les bibliothèques une lacune tout aussi impressionnante en ce qui concerne les six volumes. Dans la plupart des cas, il reste à deviner ce, qu'au sujet de l'union de la Russie a exposé dans les plus anciens volumes, le fondateur de cette revue.

(8) Personne plus que l'auteur de ces lignes n'attend avec impatience l'ouvrage que prépare le P.Jouët de Journel dans la biographie de son confrère et prédécesseur en tant que Directeur de la Bibliothèque slave de Paris. Les nombreuses lettres de Gagarin qui récemment encore attendaient d'être classées, ont certes trouvé dans la biographie de Madame Swetchine le chercheur le plus compétent de l'historien le plus compréhensif.

(9) Georg Sacke, W.S. Solowjews Geschitphilosophie Ein Betrag zur Charakteristik der russischen Weltanschaung Berlin 1929 p;2

(10) Cf. N. Gorodetzki, The humiliated Christ in modern Russian Thougt, London 1938 : "There was something universalistic in this epoch of Alexander 1er  G.V.Florovskyy caractérise cette période comme "le réveil du coeur mais pas encore de la pensée Puti russkogo Bogoslovija Paris 1937, p.128

(11) Tendances catholiques dans la société russe" Extrait de correspondant Paris 1860 p.33

 (12) L'Eglise russe et l'Eglise catholique. Lettres du P. Rozaven s.J. Nouvelle édition revue sur les manuscrits et annotée par le P.Gagarin s.j. Préface p.2. Il y signale une pieuse coutume des premiers convertis : "Nous y remarquons une pieuse coutume, qui ne doit pas être perdue pour nous.Chacune de ces illustres converties commençait par copier de sa main un petit volume manuscrit qu'elle gardait ensuite précieusement et qui aurait pu être intitulé : Manuel des Russes catholiques. Il se composait de deux lettres du comte Joseph de Maistre, c'est-à-dire la lettre sur la maxime qu'un honnête homme ne change jamais de religion et la lettre du P.Rozaven " Gagarin a repris les deux lettres de J.De Maistre dans Conversion d'une dame russe à la foi catholique racontée par elle-même et publiée par le P.Gagarin sj. Paris 1863 pp.97-138

(13) cf.Notices sur les principales conversions qui ont eu lieu parmi les Russes. Liste des Russes convertis au catholicisme "Conversion d'une dame russe à la foi catholique racontée par elle-même pp: 161-190. Bien avant P.Pierling (Un problème historique l'Empereur Alexandre I est-il mort catholique?" Paris 1901. Gagrin avait déjà en 1860 soumis à un examen les tendances catholiques dans la société russe" cfr. Les Archives Russes et la conversion d'Alexandre I Empereur de Russie 5e série t.XII 1877 pp.26-50

(14) Oeuvres choisies de Pierre Tchadaïef Publiées pour la première fois par le P.Gagarin de la Compagnie de Jésus Paris 1862.

(15) Xavier Korcak-Branicki Les Nationalités slaves Lettres au P.Gagarin, Paris 1879 Dans la préface p.2 on cite les noms de quelques participants à ces réunions : Lermontof, A.Dolgorouki, Frédérickx, l'ancien ministre Valonief etc. Cf. Lettres préliminaire "En l'an de Grâce 1839, Saint-Pétersbourg possédait une société de jeunes gens qu'on avait surnommés, à cause de leur nombre, les Seize. Leur camaraderie s'était formée, soit sur les bancs de l'Université, soit dans les bataillons de l'armée du Caucase. Chaque nuit, au sortir du théâtre ou du bal, ils se retrouvaient tantôt chez l'un, tantôt chez l'autre. Là, après un frugal souper, humant leur cigare, ils se rapportaient les événements du jour, causaient de tout, discutaient sur tout, avec une parfaite liberté de langage, comme si la Troisième section de la Chancellerie impériale n'existait pas, tant ils étaient sûr de leur mutuelle discrétion. Nous appartenions à la franche et joyeuse association des Seize : vous, mon révérend Père, qui étiez alors secrétaire d'ambassade, et moi, qui portait l'uniforme des hussards de la garde impériale o.C. pp 1-2

16) M/J/ Rouët de Journel s,j, Une Russe catholique Madame Swetchine p. 311.

(17) o.c. p.312

(18)  Jean Gagarin avait plus d'une fois réfléchi sur la différence qui existe non pas entre la religion catholique et la religion grecque dans laquelle il avait été élevé, mais plutôt entre l'état social de la Russie et celui des autres pays de l'Europe: les déplacements occasionnés par la carrière qu'il avait embrassés l'avaient naturellement amené à instituer ces comparaisons. Dès l'âge de vingt et un an, il s'était promis d'arriver à la solution de ce problème qui le tourmentait Il avait peine à se persuader que la question religieuse fût pour quelque chose dans cette diversité. En y réfléchissant de très près, il finit par entrevoir qu'en Occident la Papauté avait joué au cours des siècles un rôle considérable, alors que, en Russie, rien de tel ne s'était produit : en étudiant l'histoire de son pays ou la société russe contemporaine, il trouvait à chaque instant des faits ou des symptômes qui lui signalaient l'absence de la papauté et la lui faisait regretter. Il était toutefois très éloigné encore du catholicisme, ne voyant en lui qu'une belle chose, à mettre sur le même plan que l'architecture ogivale et les rosaces flamboyantes des cathédrales - ce sont ces propres expressions - reconnaissent dans la papauté une institution qui avait rendu de grands services à l'humanité, mais qui avait fait son temps, et n'apercevant dès lors aucune raison d'abandonner l'Eglise d'Orient, pour se donner à l'Eglise romaine. Ces dans ces dispositions qu'il arriva à Paris "Rouët de Journal o.c. 311-312   

 (19) P.Pierling s.j. o.c; p 70 Parmi les personnes qui lui ont montré le chemin vers le catholicisme, il faut certainement citer Madame Swetchine. Cf. La Lettre que Gagarin envoya du noviciat jésuite à Madame Swetchine le 11 janvier 1845: "Quoique vous n'ayez pas exercé à mon égard de prosélytisme actif dont quelques personnes ont pu vous accuser, il m'en est pas moins vrai qu'un des principaux instruments dont Dieu se soit servi pour m'accorder la première et la plus grande des grâces, je veux dire ma conversion, cela a été le spectacle de votre raison si haute et si calme, se reposant avec tant d'assurance dans la foi ".  pp2-3 Rouêt de Journal o.c. p.314 Madame Swetchine et les conversions Etudes 1926 pp: 189-190

(20) "de l'enseignement de la théologie dans l'Eglise russe Etudes I.

(21) Pendant son séjour à Rome en 1854 il exposa au général des Jésuites, P.Beckx le projet qu'il envisageait déjà depuis le noviciat : la fondation d'un scholasticat pour tous les slaves sans distinction dans le but de promouvoir de cette façon le rapprochement des peuples slaves et de l'Eglise catholique. Ses entretiens eurent pour effet la fondation de l'Oeuvre des SS Cyrille et Méthode qui survit encore à ce jour sous une forme un peu adaptée aux circonstances actuelles. Cf. Gatti-Korolevsky I riti e le chiese orientali, Genova 1942, vol I p.839 P.Ignazio Ortiz de Urbina sJ "La Compagnia di Gesù e le scienze sacre Romae 1942 pp 145-160 

(22) L'animateur de ce petit groupe fut Ivan Gagarin Gatti-Korolevski o.c. 839

(23) O primirenti Russkoy cervi s Rimskoju, ou de la Réconciliation de l'Eglise russe avec l'Eglise romaine, Paris, 1859, Trad; russe du P.Martinov s.j. Sera la Russia catolica? (sans lieu de publication) Wird Russlands kirche das Papsthum Anerkenen ? Nach "la Russie sera-t-elle catholique? Nebst einem Auszug aus der Schrift des Cardinal Baronius Ûber den Ursprung der Russinen. Mit einem Vorworte von Aug. Frhn von Haxtausen Münster 1857 Wird Russland Katolisch werden ? Thuringgen 1857.

(24) Pii IX Pontificis Maximi acta Pars prima Acta exhibens quae ad Ecclesiam Universam spectant (1846-1854) Litterae ad Orientales in suprema Petri Apostoli Sede, 6 jan 1848 pp 78-91 

(25) La Russie sera--t-elle catholique? Paris 1856 Préface VII-VIII (27) p.65

 

(26) Etudes Nouvelle série t.i (1859) p.90

(27) La Russie sera-t-elle catholique ? p. 65

(28) Le passage où Gagarin parle de Herzen est remarquable à plus d'un point de vue. "Je ne puis m'empêcher d'éprouver une certaine sympathie douloureuse pour cet esprit véhément et ulcéré, pour cette intelligence hautaine et ce coeur indompté..Mais.. Je dois dire que je ne puis le lire sans éprouver un sentiment d'épouvante", (o.c. p.69) La lecture des écrits de Herzen lui faisait comprendre expérimentalement que la tendance anarchiste se prononçait plus fortement chez les révolutionnaire russes que chez leurs congénères d'Europe occidentale. Cela était apparu avec évidence lorsque Herzen avait publié les lettres d'approbation que les leaders soi-disant démocrates européens lui avait adressées. Gagarin avait remarqué que les lettres signées par Ledru-Rollin, Proudhon et Mazzini étaient étaient d'un ton beaucoup plus calme, doux et courtois que les pages écrites par les révolutionnaires russes. Aussi était-il d'avis que ce contraste pouvait servir à mesurer la différence entre le principe révolutionnaire tel qu'en Europe occidentale on le concevrait et tel qu'il serait appliqué en Russie. 

(29) Est visée ici la fameuse lettre que Belinsky adressa en 1848 de Salzbrunnen à Gogol à propos de l'ouvrage récent de ce dernier : Extraits choisis de la correspondance avec des amis, Pour une analyse de cet ouvrage cf. B.Schultz s.j. Pensatori Russi di fronte a Cristo. Firenze, 1947 pp 110 et sv.

(30) o.c. p 74

(31) Les premiers adversaires que rencontra la projet de réunion tel qu'il était formulé dans notre brochure, furent des catholiques ardents et convaincus. En Pologne les contradictions ont été nombreuses et passionnées Etudes, Nouvelle série, t;1 1859 p.56

(32) Réponse à la Revue de Posen, 20 janvier 1857 Réponse de la Revue de Posen 20 avril Réplique du P.Gagarin 28 avri; réplique de Posen 29 mai 1857

(33) Epikriis tôn peri henoseos logon tou Iesouitou Gagarin Athenesi, 1857 (anonyme) En 1859 parurent une traduction française et un supplément : Examen de l'ouvrage du P.Gagarin sur la réunion des Eglises catholiques grecques et catholiques romaine. Par un Grec membre de l'Eglise d'Orient, Paris 1859.

(34) In : Encore quelques mots par un chrétien orthodoxe sur les confessions occidentales à l'occasion de plusieurs publications religieuses, latines et protestantes, par Ignotus, Leipzig 1858. Cet écrit fut ensuite repris dans la compilation de Khomiakov : L'Eglise latine et le Protestantisme au point de vue de l'Eglise d'Orient ... Lausanne 1872 pp: 191-308

(35) Etudes 1859, p 57 comparez la lettre de N.J. Tourguenev, 20 juillet 1856, citée par Piecring o.c; p.71 Je vois en vous un homme qui a tout sacrifié pour un idéal élevé, qui n'est pas de ce monde, un homme qui doit être aimé et profondément respecté par toute âme sincère. 

(36) Sur la tentative de Baron von Haxtausen pour obtenir qu'en Russie aussi soit organisé une campagne de prières pour mettre fin à la séparation des Eglises et sur la lettre qu'il écrivit dans ce but au Métropolite de Moscou Mgr Filaret cf.Tondini "Le Pape de Rome et les papes de l'Eglise orthodoxe de l'Orient Paris 1876 Notice Historique sur l'association de prières pp: 373-375

(37) Etudes t.I 1857 pp 1-61

(38) o;c; p.1

(39) Etudes t II 1857 p.3-83

(40) A.c. p.35 cf. M.Jugie Theologia Dogmatica Christianorum Orientalium ab Ecclesia Catholica dissidentiuem t IV Parisiis 1931, pp 144 sq (Ipsi theologia dissidentes hoc de uno Ecclesiae capite sophisma nopbis aperte diluunt ac penitus evertunt, dum in suis scirptis espiscopus passim vocant capita Ecclsiarum quibus praesunt. )

(41) Bien des Russes, trompés par le mot "nepogrechimost" confondent l'infaillibilité avec l'impeccabilité et s'imaginent que, d'après la doctrine catholique, le pape ne peut pas pécher. Cela va si loin qu'un professeur appartenant à une des premières universités de Russie,, et que je ne veux pas désigner autrement, à cause de l'estime que j'ai pour sa personne, a été jusqu'à dire dans une lettre qui a été imprimée, qu'il voyait une contradiction entre le titre de Sainteté que l'on donne au pape et le confesseur qui est attaché à sa personne. S'il est saint, il ne pêche pas et s'il ne pèche pas, à quoi bon un confesseur ? "Ac. Jugie cite cet exemple (oc.t. I p.30) en faisant remarquer : "Forsan hic professor ignorabat patriarcham oecuménicum Constantinopolitanum titulo Sanctissimi he autou panagiotes apud grecos decorari. Nunc etiam Serborum patriarcha Sanctissimi audit."

(42) Eudes nouv; série tI 1859 pp: 54-91.

(43) Etudes nouv;série t XI 1867 pp 234-262  351-381 t XII pp 52-85 356-382, 693-712, 777-792

(44) Le clergé russe, Bruxelles 1871, dont il parut aussi une traduction en anglais : " The Russian Clergy, London 1882.

(45) Correspondance t 50 1860 pp 278-328

(46) On trouve un compte rendu de ce voyage dans : "Etudes t.1 1859 trois mois en Orient pp: 538- 569

(47) Etudes 1862 pp: 187-204

(48) Etudes 1867 pp: 698-712

(49) Dans les deux articles il met l'accent sur la question du rite. L'Eglise Catholique de rite oriental doit éviter toute assimilation à l'Eglise latine quant à la liturgie et le culte. Gagarin a le mérite particulier et durable d'avoir insisté afin que les ordres religieux d'Occident, créent une branche orientale, ce qui a considérablement promu l'apostolat unioniste parmi les Orientaux. 

(50) Mais il ajoutait : "Nous ne la verrons pas disparaître sans regrets. Si elle ne rompait pas le pain de la parole et n'enseignait guère le catéchisme, elle contribuait cependant à maintenir dans les masses quelques notions de christianisme positif Mais nous n'y pouvons rien. Sa mort est inévitable et prochaine. Que deviendront ces millions d'âmes livrées à elles- mêmes? Seront-elles la proie du raskol ou du nihilisme : ou bien à l'exemple de l'empereur Alexandre, après avoir parcouru le cercle des erreurs, fatiguées et dégoûtées de tout, se tourneront-elles au successeur de Saint-Pierre de leur envoyer des prêtres pour les instruire et les recevoir dans le sein de l'Eglise une, sainte, catholique et apostolique dont le centre est à Rome ? Fiat ! Fiat ! Etudes XII 1877, pp 49-50

(51) Les citations qui précèdent sont empruntées à L'univers 30 janvier 1857 Dom Prosper Guéranger s'exprimait tout autrement dans une lettre (non publiée) du 31 août 1856 à Gagarin : "Pour ma part, je ne croirai à l'union que quand l'Eglise russe frappera sa poitrine et demandera merci au Saint-Siège, et comme je crois que cela n'arrivera pas, j'ai peu d'espoir dans l'union et moins encore dans sa durée. (Bibliothèque slave)

(52) CF. M.Y Congar Chrétiens désunis Principes d'un oecuménisme catholique Paris 1937, p. 3 

 

Publié dans Plamja  n° 86

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



05/03/2017
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