Réflexions sur le passage d'Orthodoxes à l'Eglise catholiques
Réflexions sur les passages d'orthodoxes à l'Eglise catholique
Leur nombre relativement élevé, vu la petite minorité catholique, n'est pas sans poser de questions. L'Eglise orthodoxe, surtout les "tikhoniens" était elle aussi persécutée et offrait à ses fidèles tous les moyens de sanctification, y compris jusqu'à la confession de foi et le martyre. Malgré cela, le Père Serge Soloviev, neveu de Vladimir Soloviev représentait par son exemple et son enseignement une attirance vers l'unité catholique. Neveu, sa correspondance le prouve amplement, était un apôtre zélé, d'une grande culture littéraire et historique, mais d'une théologie marquée des étroitesses propres à son temps et à son milieu dans le domaine de l'œcuménisme. Alors faut-il penser que certains catholiques sont venus à lui pour être secourus? La chose n'est pas à exclure, mais le docteur Titov, médecin qui s'est fait catholique, n'avait pas besoin de secours matériel : c'est plutôt lui qui a secouru Mgr Neveu, en le soignant gratuitement. Et ce n'est qu'un exemple.
Malgré la persécution, l'on vit se reproduire le phénomène que connut la Russie au XIXe siècle, où une partie de son aristocratie passa au catholicisme : les Golitsyne, les Gagarine, les Boutyrkine, les Narychkine, Mme Svetchine, Mme Rostopchine, attirés par son universalisme
et la culture occidentale; pour la raison aussi que l'Eglise orthodoxe était souvent l'humble servante du pouvoir. Nous avons un exemple en Mlle Julie Danzas; un autre en Mme Elisaveta Gueorguievna Bordelius, apparentée aux Samarine, Ossorguine, Benckendorff, et qui avait épousé un prêtre. L'un et l'autre de haute spiritualité avaient comme directeur de conscience le Père Gueorgui, l'un des derniers "starets" d'Optima Poustyne, fermé en 1927 par les Bolcheviques. Mme Bordelius embrassa secrètement le catholicisme le 27 mai 1928 en la fête de la Pentecôte. Comme elle ne pouvait plus longtemps garder secrète sa conversion, le mari et sa femme s'en vinrent trouver Mgr Neveu, qui nous a rapporté le récit de l'entretien dans sa lettre du 1er octobre 1928:
Le père Soloviev exerçait une séduction sur la jeunesse universitaire, où, jusqu'en 1929, il enseignait le grec. Il dirigeait ensuite ses "convertis" vers Mgr Neveu. Le cas de Mgr Barthélémy et de ses pénitentes est particulier. On le verra dans le chapitre qui lui est consacré. il faut dire aussi que certains passage de l'Eglise catholique se sont fait sans l'intervention de Mgr Neveu. Le Père Patapi Emilianov curé d'un gros bourg près de Karkhov; Nijinaïa Bogdanovka est entré dans l'Eglise gréco-catholique de Mgr Szeptiski avant d'avoir connu Mgr Neveu, dont il sera plus tard un ami fidèle, et paya cette fidélité de dix ans de bagne à Solovki.
Les "conversions ", qui furent nombreuses dans le groupe des dominicaines peuvent s'expliquer aussi par le triste état où se trouvait l'Eglise orthodoxe en 1922, déchirée par des querelles et des schismes, au point que même un esprit aussi orthodoxe que le Père Serge Boulgakov, fut en 1920 tenté de catholicisme. La revue "simvol" des Pères jésuites de Meudon a en 1922, publié son récit "Sous les murs de Chersonèse".
Faut-il expliquer ces "conversions" par le pain? Sauf exception, nous ne le pensons pas. Entrer dans l'Eglise catholique était plutôt se condamner à le perdre et se désigner comme victime du NKVD.
Si pour le croyant orthodoxe pratiquer sa religion pratiquer sa religion, élever chrétiennement ses enfants était un motif suffisant pour encourir l'article 58.10: agitation antisoviétique, que dire du chrétien qui, par son attachement à l'Eglise catholique, comprise comme le Vatican encourait l'article 58.1a "Trahison" et sûrement l'article 58.3 "relation avec un Etat étranger" 58.10 "propagande et agitation antisoviétiques" et 58.11 "Toute activité organisatrice".